Comme beaucoup, à l'avènement de cette nouvelle déclinaison du médium vidéoludique, je me suis montré réfractaire à cette évolution du marché. Cette rétivité idéologique n'était qu'une manifestation de mon passéisme réactionnaire avec une vision précise de ce qu'était le jeu vidéo.
Une position réactionnaire symptomatique d'une frange de l'ensemble que représentent les joueurs,
souvent expliquée par une expérience qui n'a pas intrinsèquement changé pendant une vingtaine d'années.

Dans mon cas, la récusation de cette nouvelle forme provenait aussi bien de l'idée que je me faisais d'un périphérique légitime d'accueillir un jeu vidéo que la prétention de ces mêmes types de jeu à se définir comme jeux vidéo. Par ailleurs résidait une peur induite par le modèle existant sur des plateformes comme Facebook avec un modèle économique qui pouvait rapidement devenir toxique.
À vrai dire, cela n'a pas vraiment manqué puisque les premières vagues de jeux vidéo sur mobile étaient souvent calquées sur les modèles à succès de Facebook. Les freemium, les free-to-play ou les pay-to-win avec un système stochastique souvent invisible pour le tout-venant.
Un modèle qui a fini par montrer ses limites, d'où son évolution et la conquête du marché par des acteurs historiques comme Nintendo ou Square Enix.

En soi, le jeu mobile n'a rien de mauvais. Tout dépend de la proposition en fin de compte. Comment l'exploiter en maximisant son profit et garder le joueur captif tout en le respectant un minimum,
c'est là toute la question. Aujourd'hui, avec les économies gigantesques que représente l'industrie du jeu vidéo et les risques que cela comporte, il apparaît pertinent que des éditeurs importants se décident à trouver de nouvelles manières de pérenniser leur entreprise. A fortiori quand le secteur le plus à risque est celui qui ne touche finalement que la minorité du marché. Entre le AAA qui se chiffre aujourd'hui à plusieurs centaines de millions de dollars d'investissement, le I (II ou III)
qui se débat pour être viable et le jeu mobile qui brasse une quantité phénoménale de joueurs potentiels, il est évident qu'il faut exploiter ce filon, surtout si l'on veut continuer à alimenter le marché avec des AAA. Ce dernier est d'ailleurs en train d'évoluer petit à petit vers le modèle du GaaS (Game as a Service) ou AAA+ comme on peut le lire ou l'entendre de plus en plus avec la montée des productions Ubisoft notamment. Il n'y a d'ailleurs qu'à jeter un oeil aux bilans économique et financier annuels ou trimestriels des studios comme Electronic Arts ou Square Enix pour comprendre l'importance des chiffres que représente le marché du mobile. Aujourd'hui ils deviennent de moins en moins optionnels et s'imposent pratiquement comme des alternatives impérieuses pour assurer la pérennité des développements de nouveaux projets plus ambitieux.
Même Nintendo a fini par s'y mettre alors que c'est sans doute la firme la plus attachée au jeu vidéo traditionnel.

Si l'intérêt économique est bien compris par de plus en plus d'éditeurs, certains d'entre eux ont également compris qu'il ne fallait pas prendre le joueur pour une bonne poire et font l'effort de proposer de véritables expériences narratives à défaut de pouvoir proposer des expériences ludiques très poussées, la faute à une fragmentation du marché du mobile et des limitations physiques qui s'imposent au game design. Comme toujours il y a de mauvais élèves parmi ces éditeurs ou de mauvais produits pour un éditeur précis mais les choses tendent à évoluer positivement même s'il est vrai que le modèle du gacha game se dégage de plus en plus, surtout poussé par le Japon.

Après toute cette prolixité, je vais passer aux quelques jeux que j'ai appréciés ou que j'apprécie.
Tout d'abord, Final Fantasy Brave Exvius est un gacha game que je considère comme un véritable Final Fantasy avec ce que cela comprend de personnages fouillés, de scénario singeant certaines épopées, d'univers riche et varié avec son exploration, de gameplay (à ne pas sous-estimer), d'OST agréable, de quêtes annexes, de cinématiques sublimes et de fanservice pour les amateurs de la saga.

Fate/Grand Order est encore un gacha game, facile à prendre en main, s'inscrivant dans la saga des Fate et par conséquent en exploitant le fanservice sans exagération toutefois, qui propose une épopée fantastique et épique à travers les différentes époques de notre Histoire afin de régler des "singularités" qui mettent en péril le futur de l'humanité. Le jeu est par ailleurs doublé et reprend des codes du Visual Novel, notamment les fenêtres de dialogue.

Granblue Fantasy, un J-RPG de Cygames (Shingeki no Bahamut et Shadowverse) s'appuyant aussi le système du gacha, est à rapprocher de Final Fantasy Brave Exvius. Il s'agit d'un des nombreux enfants dont est à l'origine la saga Final Fantasy, inspiré surtout par les six premiers opus de la série. On retrouve notamment quelques noms irrémédiablement liés à cette dernière puisqu'il n'y a ni plus ni moins Nobuo Uematsu à la musique et Hideo Minaba à la direction artistique (FFV, FFVI, FFIX, Lost Odyssey). Le jeu jouit également d'un doublage de qualité avec des voix connues (Rie Kugimiya par exemple). À l'instar de Fire Emblem, Touhou ou KanColle,
le jeu recèle un nombre important de personnages. L'univers proposé s'inspire de Tenkuu no Shiro Laputa d'Hayao Miyazaki, propice au voyage et à la rencontre des personnages.

Shadowverse, également par Cygames, est ce qu'on pourrait vulgairement appeler le Hearthstone japonais, et, à l'instar de ce dernier, on peut tout aussi bien y jouer sur mobile que sur son PC.
Si vous aimez une direction artistique type anime, le jeu est fait pour vous. Si vous détestez l'aspect pay-to-win ou la RNG mal calibrée d'Hearthstone, ce jeu est fait pour vous.