Perfect Blue

Nina, une chanteuse de pop japonaise, décide d'abandonner sa carrière pour se lancer dans la comédie. Très vite, elle trouve un petit rôle dans une série télévisée. Malheureusement, son choix n'a pas plus à tout ses fans. L'un d'entre eux a ouvert un site internet qui détaille tous les éléments de la vie de l'ancienne star. Nina commence à perdre les notions de la réalité, et se perd entre ses rêves et la série qu'elle tourne.

Perfect Blue est un véritable ovni de l'animation japonaise. Sorti en 1999, le film a reçu tout d'abord des critiques partagées de la part de la presse. Il faut le dire, à l'époque, les productions d'animation étaient beaucoup moins présentes dans l'inconscient collectif, et il était plus difficile d'associer le genre du thriller à un dessin animé. A la limite, il était compréhensible d'utiliser le médium pour la science-fiction ou pour le fantastique mais pour un polar... Ça s'était rarement vu!

Du coup Perfect Blue a été une cassure nette dans le flux d'animes qui sortaient jusque là. Aussi bon qu'un polar en prise de vue réelle, le film ose une violence qui deviendrait quasi insoutenable en film (à part si vous kiffez Lars Von Trier quoi). C'est très difficile à regarder sur certains passages, et surtout, le scénario nous ballade entre rêve et réalité avec une aisance folle. Le réalisateur a toujours eu le talent de fondre les frontières des différentes réalités présentes dans ses films, et ce Perfect Blue ne déroge pas à la règle. Je pense sincèrement que Satoshi Kon n'a jamais poussé aussi loin sa réflexion sur la folie que dans ce film.

Comme dans tous ses films, Kon ne parle pas seulement d'un fait divers. Ce sont des faits de société entiers qu'il attaque. De nombreux thèmes sont abordés dans celui-ci, notamment celui de la société de voyeur qui s'est développée par les moyens de communications modernes. La descente en enfer de cette star pose une véritable question sur l’identité ,et surtout, sur le respect de la vie privée. Bien sûr, c'est là une interprétation parmi tant d'autres...

D'un point de vue de l'animation, ça a énormément vieilli. Quoiqu'il en soit, le style de Satoshi Kon reste sobre et joli à regarder. Certains films prennent plus facilement de l'âge que d'autres, et c'est vrai que PB à fané beaucoup plus rapidement qu'un Akira ou qu'un Ghost in the Shell. Il y a néanmoins de très bonnes idées esthétiques. (Ainsi que des choses bien trop crues pour les yeux des jeunes gens, j'le répète!)

En gros Perfect Blue, c'est un polar sombre, torturé, pas si loin de ça de Black Swan. On retrouve tout le génie de Kon dans ce qui restera son oeuvre la plus mature, proche des plus grands Thriller du cinéma. A voir si vous êtes majeurs, et que vous n'avez pas froids aux yeux.


EN BREF, Très bon film d'animation, à classer parmi les grands noms des films du genre.