Dans une ville fictive corrompue et sens dessus-dessous, deux orphelins tentent de se faire une place dans la rue: Kuro, un jeune garçon violent et malin, et Shiro, son petit frère encore naïf. Surnommés les "Chats" ou Neko, ils se donnent pour mission de protéger leur quartier. Lorsque les Yakuzas entreprennent de raser une partie de la ville pour le remplacer par un parc d'attraction, ils rencontrent alors la brutale opposition des deux garçons. Le Serpent, à la tête du projet,décide alors de se débarrasser des deux enfants.

J'ai découvert Amer Béton par son film (ici), une oeuvre brillante qui m'avait éblouis par sa beauté visuelle et son histoire aux échos urbains. Du coup, je ne pouvais  pas rater le manga dont avait été tiré l'adaptation. En voici une critique rapide:

Amer Béton est un manga citadin, un peu dérangé et complètement punk. Derrière ses câbles électriques en vrac et ses immeubles aux allures bancales se cache pourtant un manga incontournable pour tout amateurs du genre! Nous suivons donc les aventures malheureuses de Kuro et Shiro, véritables Ying et Yang aussi différents que semblables. A travers les ruelles sombres de Takara-machi, l'auteur nous invite à contempler un monde en noir et blanc où tout semble partir en vrille. Du dessin au trait parfois tremblant jusqu'aux sourires tordus des Yakuzas: l'identité d'Amer Béton se forge sur un univers aux défauts visiblement attachants. Personnellement, je suis fan du style. C'est  tremblant, sensible, punk mais surtout... Et bien ça change! Si certains peuvent être déstabilisés face à une plume qui se veut délibérément incorrecte, il est indéniable qu'Amer Béton puise une grande force dans son identité visuelle et dans sa manière de raccorder le propos au dessin. Car dans la cité trésor de ce monde en déclin, il est bien difficile de trouver de l'ordre. Et c'est bel et bien d'équilibre qu'il est question, de la fragilité qui sépare ce petit Blanc, frêle et innocent, et ce grand néant noir, fort mais aveuglé. Sans Shiro, pas de Kuro. Sans Kuro, pas de Shiro. En trois tomes (maintenant réunis en un seul), les jeunes orphelins ne font pas qu'affronter la dure réalité de la rue, mais apprennent à leur dépend ce qu'ils sont vraiment. En allant chercher plus loin qu'un simple univers descriptif, le manga propose une lecture bien maline de la notion de Bien et de Mal. De la philosophie en divertissement, c'est bien là ce que nous propose l'oeuvre de Matsumoto. Et ce qui est beau dans tout cela, c'est que malgré la violence évidente de certaines scènes et l'étrangeté de l'univers dépeint, Amer Béton reste un exemple d'onirisme. C'est peut-être ça l'équilibre parfait.

EN BREF, sincèrement, une oeuvre exceptionnelle. 10/10. Je vous le conseille pas, je vous oblige à la lire.