Une petite fille sans nom est perdue dans un monde hostile et dangereux. Elle trouve un œuf dans des ruines, et se lie à lui comme figure maternelle. Mais un jour, elle croise le chemin d'un chevalier qui semble très intéressé par le contenu de l’œuf.

Mon avis et partagé, et je vais expliquer pourquoi.

L’œuf de l'ange est un film expérimental dont majeure partie est muette et dont l'histoire se base sur un symbolisme biblique fort. Bien que le film ait gagné en reconnaissance de nos jours, il a été un véritable échec à sa sortie. Pourquoi donc? Et bien, ce n'est pas du tout ce que l'on attendrait de l'onirisme japonais. Il est bel est bien présent, mais l'aspect contemplatif de l'oeuvre emporte sur tous le reste, comme sur les personnages, voir sur la réflexion philosophique. Il est donc très difficile d'entrer dans le film, surtout quand les dialogues sont inexistants et que l'histoire ne semble mener nulle part. Certains appelleront surement ça de la prétention, mais je suis persuadée que Oshii, réalisateur que j'aime beaucoup, ne cherchait pas à faire un film incompréhensible mais plutôt un film qu'il est possible d'interpréter différemment.
Voila qui est dit.

J'en arrive à mon véritable avis. Une fois que l'on admet qu'il faut se laisser transporter et non chercher à comprendre un scénario basé sur des symboliques trop complexes, le film est très bon. Si un thriller de qualité doit se baser sur une histoire en béton, un film contemplatif peut lui s'appuyer sur son ambiance. Et ici c'est un pari réussi, la ville détruite (par une catastrophe?) est extrêmement belle dans son architecture gothique, où au hasard des rues, des hommes désincarnés se battent contre des ombres. La petite fragile y poursuit un voyage initiatique et désespéré, cachant son œuf protégé sous sa robe. On pourrait presque y voir une mère, un symbole d'innocence. Les références bibliques (et d'autres religions/mythologies )sont là, la jeune fille est comme la Vierge alors que son chevalier, portant une croix sur son dos, est à la fois sauveur et destructeur. Mamoru Oshii est bien connu pour explorer la complexité de l'homme, son rapport au monde et au réél. L'Oeuf de l'ange en est la preuve même. Personnellement j'y ai vu une réflexion assez belle (et presque pessimiste) sur l'homme et la croyance, et presque sur l'autodestruction. Comme dans beaucoup de ses films, l'aspect contemplatif nous laisse le temps de réfléchir aux questions que posent le scénario. Mais il nous laisse surtout apprécier la beauté des plan-séquences et des plan-fixes amenant une "lenteur" assez agréable dans une animation de ce genre. Car il faut l'avouer, le plus grand point fort de l'Oeuf de l'ange, c'est le visuel. Pour dire, c'est Amano aux commandes de la direction artistiques. Il n'y a aucun défauts. C'est fort, intense, beau. Et c'est pour cela qu'on se laisse transporter dans ce monde figé et triste sans aucun regrets. La compréhension du fond ne peut seulement venir que par l'assimilation de la forme. Une fois ces deux assemblés, le film peut paraître vraiment magique. D'autant qu'il est sublimé par une bande son magnifique. Certes, il y a des longueurs, et il est dur de donner son avis à la fin. Mais on ne peut pas dire que c'est un mauvais film puisqu'il remplit son rôle à merveille: il nous fait réfléchir tout en nous transportant hors du temps.


EN BREF, On aime ou on aime pas, mais c'est à voir.